Hervé Baudouy...'Le philosophe de comptoir'...dans la série des monologues de chambre!
Je suis un « perdeur de job » certifié!
Alors, je me suis fait « philosophe de comptoir ».
C’est nouveau, ça vient de sortir.
Qui donc a dit que la philo ne paie pas ? Moi, j’échange de la philo, *ma* philo, contre un p’tit repas arrosé. Tiens, c’est comme le crime, ça. On dit toujours que le crime ne paie pas ! C’est faux. Pourquoi tant de gens veulent-ils devenir avocat, à votre avis ?!
Avant, je me croyais bête. Et puis j’ai rencontré des philosophes.
J’aurais bien créé un Cours de Folisophie… mais je suis bien trop paresseux. Je suis un aimant, j’attire toute la fatigue qui passe aux alentours.
Et vous connaissez la devise des paresseux ? "Le monde me tend les draps !". Alors, je parcours le monde à travers la bière, en quête de vérités.
A ce propos, je cherche toujours une règle spéciale pour mesurer les demi-vérités.
Etj’envisage de passer une petite annonce :
"Échangerais sagesse bon état, contre illusion de bonne qualité".
Parce ce, entre nous, hein, quand la réalité dépasse l’affliction, il faut la regarder en farce !
Elle est raide, celle-là, s’pas ?
Bon, d’accord. Reprenons. Voyons, voyons… Plus léger peut-être ?
Des choses vues ici et là, tiens.
J’ai rencontré une femme dans un bar, l’autre jour, elle avait une difformité vraiment bizarre : Elle avait un sein plus gros que les deux autres !
L’autre soir, on nageait dans l’artistique, avec deux amateurs imbibés.
L’Art ! L’Art moderne, c’est quoi ? C’est ce que vous achetez pour couvrir un trou dans le mur. Puis vous réalisez que le trou était plus joli.
Et j’ai une méthode infaillible pour être à la mode: vous barbouillez un tableau avec un pinceau et de la peinture. Vous essuyez le pinceau avec un chiffon… et vous vendez le chiffon !
J’étais, l’autre jour dans une galerie, pour me réchauffer un peu. J’ai entendu un critique demander : « Comment obtenez-vous des effets aussi modernes, aussi extraordinaires ? » et le peintre de répondre : »Mon modèle avait le hoquet «.
Mais, avant de devenir philosophe de comptoir, j’ai travaillé. Si,si.
J’ai essayé !
C’est dur !
Mais je perds mes jobs, régulièrement.
Non, bon, je sais où elles sont, mais quand j’y arrive, un matin, c’est un nouveau gars qui la fait à ma place.
Atroce, je vous dis !
Pourtant, l’avant-dernière job, c’était sympa : vendeur de systèmes d’alarme au porte à porte. Si personne ne répondait, je laissais une brochure sur la table de la cuisine.
Et la dernière job, c’était au bureau du chômage. Ils m’ont viré.
Mais ils continuent à me payer…
Faut dire que j’ai eu une enfance difficile.
Oh là là !
Le quartier était dur ! A l’école, on avait des sujets de rédaction du genre : »Ce que je ferai *SI* je grandis ».
Le coin était si dangereux que ma banque gardait son argent dans une autre banque. Et, quand on appelait la police, il y avait une liste d’attente de trois mois.
Mais bon, on finit par grandir : par changer d’emmerdements, quoi.
Et tout ça, quelque part, je suis sûr que c’est de la faute à la politique !
Comme vous le savez, la plupart des démocraties en sont réduites à un système bipartisan.
Un des partis n’a pas d’idées, et l’autre n’a que de mauvaises idées…
Et puis… Ces braves gens ne vivent pas trop mal, pour ce qu’ils font :
N’est-ce pas : Dans quoi mange le gouvernement ?
Dans l'assiette fiscale.
Avec la fourchette du Ministère du Revenu.
Et le couteau de la police.
Enfin…
Faut être philosophe !
Alors, une p’tite dernière ?
Il est meilleur de donner que de recevoir...
Surtout si vous êtes boxeur.
Hervé Baudouy - 2008