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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

14 février 2011

Une vieille miette: "Y a des jours..."

chinois

C’était en  février, un mercredi .A peine avais je posé le pied à terre qu’un parfum de catastrophe flottait déjà dans la maison. Personne n’était de bonne humeur, la femme de ménage avait oublié la baguette du petit déjeuner, il tombait une pluie tellement serrée qu’il faisait presque nuit dans la maison. Les rafales de vent auraient pu traverser les carreaux. Ou presque.

J’étais en pyjama. Plantée devant une fenêtre du rez-de-chaussée, je regardais le jardin d’un oeil morne. La dernière idée qui devait venir ce jour là, à un être à peu près humain, c’était bien de sortir dans le jardin, sous cette flotte que rien ne semblait pouvoir arrêter d’ici des lustres.



Je parcours du regard la pelouse détrempée, puis les malheureuses poteries avec leurs maigres petites touffes de n’importe quoi qui survivront sans doute à l’hiver… et ça, là, c’est quoi ? mais oui, ma parole, les iris de la grosse potiche rouge sont reparties bel et bien et je ne m’en suis pas aperçu. Chic ! Avant l’hiver, je les ai mises à l’abri contre le mur, orientées au sud, mais je pourrai bientôt les replacer à un meilleur endroit, sur l’affreuse dalle de ciment qu’elles dissimulent astucieusement.



A ce moment, curieux dédoublement de la personnalité :

Aglaé a) je ferai ça quand le temps sera moins pourri ;

Aglaé b)… et pourquoi pas tout de suite ?

Ma nature fonceuse et un tantinet fofolle eut tôt fait de décider.

Je saute dans une vieille paire de godasses à tige, sans chaussettes, et dont les semelles sont lisses comme un vieux pneu et j’enfile un pull over de marin par dessus le pyjama. Et en avant moussaillon !! et, tête baissée je franchis la porte d’entrée et,  à travers un rideau de pluie bien compact,  je me dirige en quelques enjambées vers la potiche d’iris que je compte déplacer. Elle est posée sur une surface de pelouse maigre dont la terre gorgée d’eau affleure à peu pres partout. Moi-même à ce moment là je suis transpercée d’eau de part en part, et je n’y vois plus grand-chose, la peau transpercée, les yeux noyés, les cheveux collés, minables, ruisselants.


Je saisis d’une seule main le bord de cette poterie assez lourde, je fais deux ou trois pas dans la bonne direction pour le sacré Bon Dieu de nom de Dieu de déplacement de merde des… et au terme d’une glissade qui tient en même temps de l’envolée je la lâche. La potiche arrive à terre avant moi, se brise en plusieurs tessons acérés… une fraction de seconde plus tard, ma main s’empale largement sur l’un d’entre eux. Je hurle, la pluie redouble, mes vêtements sont roulés dans une boue digne des champs de bataille de la Somme en 1914, je regarde la paume de ma main droite. C’est pas beau et ça fait mal. Je crois appeler pendant des heures "Monique, Monique, Monique , Monique…" … Enfin elle me voit, enfin elle appelle mon mari. Enfin ils sont là tous les deux. Je pleure comme un veau.

Je ne sais comment, mes deux secouristes mettent debout ce morceau de boue gémissant et, aussi vite qu’ils peuvent, entourent la main blessée d’une enveloppe de traversin solidement arrimé à l’avant bras.


On me soutient jusqu’à la maison, je m’assied, prostrée pendant que les opérations de sauvetage s’organisent en moins de deux. Coup de téléphone aux urgences : on nous attend le plus vite possible. Pas question de m’habiller ; une grosse veste jetée sur mes épaules, je me glisse dans la voiture soutenant mon bras comme un bébé ; je ne gémis plus, j’ai moins mal ; j’ai seulement froid dans mes vêtements boueux. Quand je débarque à la clinique,  je ressemble à une clocharde à qui l’armée du salut a refusé l’asile de nuit. A mes cotés, mon mari toujours très british me donne le bras, exactement comme si il promenait une duchesse.



Il est à peu près dix heures quand je m’allonge sur la table des urgences. L’infirmière installe ma main dans un bain désinfectant -qui ne pique pas, merci mon Dieu- et nous avons tout loisir d’inspecter les dégâts ; une plaie très profonde, en diagonale, de presque quinze centimètres, depuis la face externe du petit doigt jusqu’à la face externe du pouce. Je n’ai jamais vu autant de monde que ce jour là s’intéresser aux tendons et aux nerfs de ma main droite et déclarer fermement : "Vous avez de la chance ! rien de casser à ce niveau là !" Je me dis en moi même : "Qu’ est ce que ça sera les jours où je n’aurai pas de chance !"

L’infirmière prépare une boite de pansement sur un champ opératoire stérile, mais la jeune doctoresse qui se penche sur la plaie, déclare : "Le Docteur N. est en salle d’opération pour l’instant ;il viendra vous voir ensuite :je ne fais rien avant de connaître son avis". Et, son avis, une demie heure plus tard ,est sans ambiguïté : "Cette blessure nécessite un geste chirurgicale"suivi de :  "On fait ça au début de l’après midi" avec une intonation pleine de bonne humeur.

Mon mari, moyennement rassuré de retourner à la maison chercher un peu de linge car je macère toujours dans mes oripeaux ; moi, j’attends d’être brancardée jusqu’à une chambre dans l’espoir d’une toilette possible avec l’aide d’une personne de bonne volonté. Je ne peux me glisser dans un lit, évidemment, alors j’examine ce que m’offre la salle de bain.

Je trouve sur le lavabo, un petit savon comme dans les hôtels. Je déchire le papier avec mes dents. Sans gants et sans serviettes, le mini savon coincé dans le creux de ma main, je réalise la plus mini toilette de ma vie. Puis, je mords un coin du savon comme si c’était un coin de petit beurre, et je mâche consciencieusement dans tous les sens. Et j’en recrache le plus possible car c’est absolument dégueulasse.



Le médecin anesthésiste entre dans la chambre. Je réponds à ces questions. Il me confirme l’heure de l’intervention. Il est très gentil. Il s’appelle…Hadès. Mais après tout c’est peut-être Adaisse … j’aimerais autant.

Une aide-soignante souriante s’approche de moi avec une pile de linge propre sur le bras. Je suis sauvée. Elle me tend une sorte de casaque en papier bleu.

C’est la tenue réglementaire en salle d’opération. Peu importe, c’est propre et c’est sec. Je suppose qu’ils opèrent uniquement des top model car une fois enfilée, la surface laissée nue de mon corps est beaucoup plus étendue que la surface couverte. Je me glisse dans le lit et j’attends.

Une seconde aide-soignante entre avec un plateau et tout ce qu’il faut pour le déjeuner. Je remercie et lui fait remarquer que je ne dois ni boire ni manger car je monte au bloc incessamment. Elle repart en maugréant.

Un magnifique brancardier antillais me transporte au troisième étage avec une conduite sportive comme j’aime, quand je n’ai pas la main misérablement éclatée.



Les actions suivantes se déroulent dans l’atmosphère sublunaire du bloc opératoire. Les chaussons de papier aux pieds de chacun font un bruissement léger, le Dr N vient me serrer la main- enfin l’autre-. Le bon Dr Hades pose un masque léger sur mes petits yeux d’ange après m’avoir demandé si je fumais. Je n’ai pas cru bon de mentir à cet homme sympathique et j’ai perdu conscience dans une dernière bouffée d’euphorie.

Réveil dans mon lit. Mon bel antillais est déjà reparti vers d’autres conquêtes. Mon mari est là. Mon pansement est énorme. Tant mieux j’aime autant que ça se voit bien. Des que je vais tenir debout, de bons vêtements secs ,posés sur mon lit, sont à ma disposition.



Deux heures après, un peu flageolante, je quitte ces braves gens avec force mercis. Nous sommes fatigués. Nous parlons peu. Je ressens soudain une petite sensation assez agréable … mais oui… j’ai faim.

- Dis moi, est ce qu’on a quelque chose à grignoter à la maison ?

- Je peux facilement te faire une petite purée.

- Non, pas ça, autre chose. Qu’est ce qu’on a mangé hier soir ?

- C’était pas très digeste : du fromage de tête…

- Magnifique. Du fromage de tête avec des cornichons !!

- Tu es sure que ça va passer ?

- Tout à fait sure.

- Admettons….j’y mets une condition…

- Laquelle ?

- Promets d’abord…

-Je promets

- Tu promets que ce soir… au moins ce soir… tu renonces à déplacer n’importe lequel des pots de fleurs du jardin, même le plus petit.


aglaé


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Commentaires
S
... on peut dire que tu n'as pas eu de pot(erie) ce jour là !
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H
Ah ! Aglaé et ses mésaventures ! :-)<br /> <br /> Bisous<br /> <br /> RV - qui a enfin réglé ses problèmes d'ordi !
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A
...tu me fais rire, et c'est bien agréable!
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A
L'illustration me donne faim... de toute manière j'ai toujours faim pour le reste j'ai bien rigolé, c'est mon côté charitable
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A
...ils adorent tous et depuis toujours...alors,c'est un plaisir de leur en ratatouiller un petit de temps en temps!
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